Radars pour conducteurs lents en Suisse : un tournant inédit

Une proposition surprenante fait débat de l’autre côté des Alpes : alors que presque toute l’Europe concentre ses efforts sur la lutte contre la vitesse excessive, certains élus suisses souhaitent désormais cibler également les conducteurs qui roulent bien en dessous des limitations. Cette mesure, jugée radicale par beaucoup, a pour objectif de fluidifier le trafic et de limiter les risques liés à une lenteur extrême sur autoroute. Cette idée attise déjà de vifs débats chez les automobilistes helvétiques et intrigue au-delà des frontières nationales.
Pourquoi des radars anti-sous-vitesse sont-ils envisagés ?
Dans un contexte où la Suisse se distingue par son faible taux d’accidents graves, la question peut sembler étonnante : pourquoi vouloir sanctionner les conducteurs les plus prudents ? Selon les initiateurs du projet, il ne s’agit pas d’une simple lubie mais d’une volonté d’adapter la circulation aux réalités actuelles, face à la multiplication de comportements ultra-prudents parfois jugés encombrants, voire dangereux.
Sur les autoroutes, voir un véhicule évoluer à 40 ou 50 km/h – parfois moins de la moitié de la limitation – peut générer frustration, tensions et manœuvres hasardeuses de dépassement. Ces situations contribuent, selon certains rapports, à bouleverser la fluidité du trafic et à provoquer des embouteillages, tout en favorisant le stress et l’agressivité au volant. Face à ce constat, des parlementaires suisses militent pour que les radars détectent non seulement les excès de vitesse, mais aussi les cas de sous-vitesse problématique.
Entre prévention et controverse : les enjeux d’une motion débattue
L’idée d’attribuer aux radars une double fonction suscite de vives résistances. Le paysage routier suisse, réputé calme et organisé, n’a pas l’habitude de remettre en cause le droit à une conduite mesurée. Pourtant, pour une minorité croissante, la prudence devient parfois un obstacle lorsque les écarts de vitesse deviennent trop importants.
La question de l’équilibre entre sécurité routière, liberté de circuler et efficacité du réseau divise experts et associations d’automobilistes. Certains voient dans cette motion une avancée utile pour désengorger les grands axes ; d’autres redoutent qu’elle accentue la pression sur les conducteurs les moins assurés, rendant la route encore plus anxiogène.
Les arguments avancés par les partisans de la mesure
Pour les défenseurs des radars nouvelle génération, plusieurs points majeurs justifient leur position :
- La sous-vitesse perturbe la fluidité et oblige à des dépassements imprévus, potentiellement dangereux.
- Elle génère irritation et stress, deux facteurs indirects d’incidents sur la route.
- Un contrôle automatique permettrait d’harmoniser la circulation, réduisant les bouchons et les comportements impulsifs.
Ils mettent aussi en avant la possibilité de coupler cette mesure à des campagnes d’information, afin de mieux expliquer la nécessité d’une allure minimum sur voies rapides et ainsi responsabiliser tous les usagers de manière équitable.
Des critiques nuancées face à la réalité suisse
Ce projet ne fait pas l’unanimité. Des associations et de nombreux citoyens y voient une démarche disproportionnée quand on observe les statistiques nationales : les accidents dus à la lenteur restent rares. De plus, imposer une vitesse minimale pourrait inciter certains conducteurs à accélérer là où ils ne se sentent pas en sécurité, créant d’autres types de risques.
- Le risque d’un effet boomerang : ceux qui craignent d’être sanctionnés pourraient rouler au-dessus de leur zone de confort, compromettant leur vigilance.
- Le manque de flexibilité : les conditions météo difficiles ou des problèmes techniques (pannes, véhicules anciens) peuvent justifier une allure très modérée.
D’un point de vue légal, la Suisse sanctionne déjà la sous-vitesse, mais la détection reste manuelle ou dépend de l’appréciation des forces de l’ordre. Passer à une surveillance automatique changerait profondément la donne.
Quelles conséquences sur la circulation en Europe ?
Si une telle mesure venait à être appliquée, elle constituerait une première et pourrait inspirer d’autres pays. La France, l’Allemagne ou l’Italie observent attentivement la situation, même si aucune importation du modèle suisse n’est annoncée. Ce débat met en lumière un paradoxe fréquent : rechercher la sécurité maximale peut parfois créer de nouvelles contraintes inattendues… ou accentuer des dangers jusqu’alors négligés.
Sur le plan technique, équiper les radars d’une double fonction est déjà possible, ces appareils étant capables de mesurer différentes vitesses. Cependant, cela impliquerait d’ajuster le cadre réglementaire et les messages officiels à destination de tous les conducteurs concernés.
Existe-t-il une vitesse minimale obligatoire sur autoroute en Suisse ?
Oui, en Suisse comme dans d’autres pays européens, il est interdit de rouler à une vitesse anormalement basse sur autoroute sans raison valable. En général, circuler à moins de 80 km/h hors cas de force majeure (panne, bouchon, conditions extrêmes) peut entraîner un contrôle ou une verbalisation. Rouler excessivement lentement sur voie rapide est donc déjà considéré comme une infraction au code de la route.
Quels arguments justifient l’instauration de radars pour les conducteurs trop lents ?
Les principales justifications sont la volonté de :
- Fluidifier la circulation et réduire les embouteillages causés par les différences importantes de vitesse.
- Diminuer le stress et la nervosité associés à la nécessité de dépasser des véhicules très lents.
- Éviter des manœuvres dangereuses sur autoroute pour contourner ces “bouchons mobiles”.
Comment la mesure serait-elle concrètement mise en œuvre ?
Si la proposition aboutit, les radars automatiques devraient être reprogrammés pour identifier les véhicules circulant en deçà d’un seuil défini – probablement autour de 60 à 80 km/h sur autoroute. Les amendes seraient alors envoyées de la même façon que celles pour excès de vitesse. Pour garantir l’équité, des exceptions resteraient prévues pour les voitures immobilisées ou confrontées à une réelle difficulté.
Cette initiative pourrait-elle faire tache d’huile dans d’autres pays européens ?
Si la Suisse adopte ce dispositif, son exemple sera forcément observé, surtout là où la densité de trafic exige une bonne homogénéité des vitesses. Malgré tout, chaque gouvernement adapterait sa réponse selon son contexte local, son réseau et ses statistiques d’accidentologie. Pour l’heure, aucune législation similaire n’est prévue ailleurs, la sous-vitesse restant généralement traitée au cas par cas par les autorités locales.