Info ou intox : la voiture électrique peut-elle remplacer la voiture thermique dans toutes les situations ?

Encore entourée de nombreuses idées reçues, la voiture électrique suscite débats et interrogations. Coût, autonomie, impact environnemental : peut-elle vraiment remplacer la thermique au quotidien ? Décryptage.
On entend tout et son contraire sur le bienfondé de l’achat d’un véhicule électrique. Par conséquent, il devient compliqué de s’y retrouver. Encore mal connu, parfois mal perçu ou mal compris, le véhicule électrique soulève toujours de nombreuses questions, la principale étant : la voiture électrique peut-elle remplacer la voiture thermique dans toutes les situations ?
Véhicule électrique VS thermique : coût d’achat et amortissement
A l’heure actuelle, une voiture électrique est plus chère à l’achat qu’une voiture thermique. Mais s’en tenir à cette simple affirmation est insuffisant. Il convient en effet de considérer le prix de revient du véhicule à l’usage, en tenant compte de la dépréciation ainsi que des coûts de l’énergie et de l’entretien.
La dépréciation et le marché de l’occasion
Qu’il soit électrique, hybride ou thermique, tout véhicule subit une dépréciation, avec pour conséquence une réduction progressive du surcoût sur le prix d’achat du véhicule électrique par rapport au véhicule thermique. Le marché de l’occasion des voitures électriques est d’ailleurs en plein développement, avec une progression des volumes de ventes de 54 % de 2023 à 2024. (source Avem). D’autant plus que ce marché ne demande qu’à exploser, puisque les voitures électriques neuves de 2019-2020 sont maintenant des voitures d’occasion. Mécaniquement, l’augmentation actuelle des ventes de voitures électriques neuves va forcément alimenter le marché de l’occasion de demain. La voiture électrique a donc un bel avenir devant elle.
Enfin, grâce à une meilleure connaissance des avantages du véhicule électrique en matière de coût d’usage et d’impact environnemental, les français se tournent de plus en plus vers ce type d’énergie.
Le coût de l’énergie et du carburant
Comparé au prix du carburant, le véhicule électrique est plus économe, surtout lorsqu’il est rechargé à domicile et de nuit, avec des tarifs spécifiques en heures creuses. En effet, les stations de recharge publiques reviennent plus cher que la recharge à domicile. Le mieux pour le propriétaire est donc de s’organiser pour optimiser le coût de recharge de sa voiture électrique.
Le coût de l’entretien
Sur le coût de l’entretien également, le véhicule électrique se révèle plus intéressant que le véhicule thermique.
Un moteur thermique est plus complexe qu’un moteur électrique, ce qui accroît le risque de panne et ce qui alourdit également le coût de la révision et de l’entretien.
A l’inverse, le moteur électrique ne contient aucun fluide, donc il ne nécessite pas de vidange et ne connaît pas d’encrassement. Il ne comporte pas non plus de courroie ou de durites. De plus, la voiture électrique n’a ni embrayage, ni boîte de vitesses, ni pot d’échappement, ce qui simplifie encore l’entretien. D’ailleurs, les révisions sur une voiture électrique ont lieu tous les 30 000 km, alors qu’un moteur thermique doit être révisé tous les 15 ou 20 000 kilomètres.
A l’arrivée, l’entretien d’une voiture électrique coûte en moyenne 25 % moins cher que celui d’une voiture thermique. (Source Izi-by-EDF)
Le coût d’une LLD OU LOA
Pour atténuer le frein psychologique que constitue le surcoût à l’achat d’un véhicule électrique, les constructeurs préfèrent parler de loyer mensuel. La location longue durée permet alors de lisser ce surcoût et de l’équilibrer grâce aux économies engendrées par l’utilisation du véhicule électrique.
Véhicule électrique VS thermique : impact environnemental
La production d’une voiture électrique émet davantage de gaz à effet de serre (CO2e) que la production d’une voiture thermique. Mais ce surplus de CO2e se compense avec le temps, car à l’usage, le véhicule électrique rejette 3 à 4 fois moins de CO2e que son homologue thermique. Concrètement, après 2 à 3 ans d’utilisation, soit 30 à 40 000 kilomètres, la voiture électrique devient plus vertueuse que la voiture thermique. Si l’on considère qu’un véhicule du parc automobile français parcourt en moyenne 200 000 kilomètres, le véhicule électrique permet incontestablement de réduire les émissions carbones.
Cependant, il est essentiel de prendre en compte la masse du véhicule. Plus un véhicule électrique est lourd, plus sa fabrication nécessite de matière et plus ses batteries doivent être importantes, ce qui rallonge la durée de l’amortissement de son empreinte carbone à l’usage. En effet, selon l’ADEME, pendant qu’une petite citadine électrique rembourse sa dette carbone au bout de 15000 km, un SUV électrique doit parcourir 100 000 km.
Ces 10 études réalisées pour la France depuis 10 ans sont unanimes : sur un cycle de vie complet, de sa fabrication à sa fin de vie, un véhicule électrique émet beaucoup moins de gaz à effet de serre qu’un véhicule thermique. (Source Bonpote)
L’hybride rechargeable : la meilleure solution ?
Le véhicule hybride rechargeable semble être le trait d’union idéal entre les deux modes de fonctionnement, électrique et thermique. Mais cela se vérifie-t-il dans les faits ? Le constat est mitigé. En effet, l’hybride rechargeable est rassurant pour l’automobiliste et il peut constituer la dernière étape avant de sauter le pas du 100 % électrique. Mais l’hybride rechargeable présente plusieurs inconvénients par rapport à la voiture 100 % électrique :
• Bien souvent, le mode électrique est sous-utilisé (les habitudes ont la vie dure !) et représente moins de 40 % des trajets effectués ;
• La combinaison des deux motorisations augmente la masse du véhicule, et donc sa consommation énergétique, qu’elle soit thermique ou électrique ;
• Son moteur thermique est, en général, moins performant que celui d’un véhicule 100 % thermique ;
• Il est plus cher à l’achat et plus complexe à entretenir, donc moins économe que le véhicule électrique ;
• Moins écologique qu’un véhicule électrique, il est beaucoup plus long à s’acquitter de la dette carbone qu’engendre sa fabrication. En effet, le véhicule hybride rechargeable permet un gain carbone de 15-20% alors qu’avec un véhicule électrique le gain carbone est de 60-70%.
Ainsi, si le véhicule hybride rechargeable présente une empreinte carbone plus élevée qu’un véhicule 100 % électrique, il reste une alternative plus vertueuse qu’un modèle thermique classique, à condition d’être utilisé de manière optimale. En effet, pour ceux qui rechargent régulièrement et maximisent l’autonomie électrique sur les trajets courts, l’hybride rechargeable permet de réduire significativement la consommation de carburant.
Ce type de motorisation a d’ailleurs longtemps été plébiscité par les entreprises, notamment grâce aux avantages fiscaux qui l’accompagnaient. Mais avec l’évolution des réglementations et des incitations financières, son attractivité tend à diminuer au profit des véhicules 100 % électriques.
À noter que l’hybride non rechargeable, ou full hybride, fonctionne différemment : il n’a pas besoin d’être branché et se recharge uniquement grâce à l’énergie récupérée au freinage. Moins dépendant d’une borne de recharge, il constitue un compromis intéressant pour ceux qui recherchent une motorisation plus efficiente sans changer leurs habitudes.
(Source Carbone4)
Véhicule électrique VS thermique : autonomie
L’autonomie des véhicules électriques est l’une des préoccupations majeures de nombreux automobilistes. Pourtant, 98,8 % des trajets se font à moins de 80 kilomètres du domicile ! La majorité d’entre nous recherche donc une autonomie dont nous n’avons besoin que de façon exceptionnelle, le plus souvent lors des départs en vacances.
Pour les trajets plus longs, l’espace public compte aujourd’hui plus de 100 000 bornes de recharge électrique, et ce chiffre devrait quadrupler pour atteindre 400 000 d’ici 2030 (source : info.gouv). Sur autoroute, les bornes ultra-rapides permettent de récupérer 80 % d’autonomie en 20 à 30 minutes, ce qui correspond approximativement au temps d’une pause recommandée pour la sécurité routière.
Si ces bornes rapides offrent un véritable confort d’usage, elles restent souvent plus coûteuses que les solutions de recharge à domicile ou sur bornes lentes en centre-ville. Il est donc pertinent d’anticiper son itinéraire en combinant les recharges aux pauses obligatoires, sans nécessairement s’arrêter aux stations les plus chères.
Avec cette infrastructure en pleine expansion et une gestion optimisée des arrêts, l’argument de l’autonomie limitée des véhicules électriques perd de sa pertinence, surtout pour les trajets de longue distance. En planifiant intelligemment ses recharges, il est aujourd’hui possible de voyager confortablement en électrique, sans contrainte excessive.
La voiture électrique peut-elle remplacer la voiture thermique dans toutes les situations ?
Pour revenir à la question initiale, la voiture électrique peut-elle remplacer la voiture thermique dans toutes les situations ? La réponse tend plutôt vers l’affirmative, à condition toutefois de revoir notre façon de penser notre mobilité. Cela signifie :
• Lors de l’achat d’un nouveau véhicule, ne plus le choisir en pensant aux vacances, en termes de distance et de volume, mais en se focalisant davantage sur les trajets du quotidien ;
• Ceci devrait nous amener à privilégier les petites citadines électriques, qui, elles, sont réellement économiques et écologiques ;
• Penser à ses trajets du quotidien plutôt qu’aux trajets longs et exceptionnels
• Eviter la fiscalité liée aux motorisations thermiques
• Optimiser son coût de détention d’un véhicule
• Profiter du confort d’un véhicule silencieux, qui demande peu d’entretien
• Cesser de considérer la voiture comme un espace individuel, en favorisant le covoiturage ou l’autopartage.